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Randonnée autour de Kalaw

Kalaw est le point de départ pour un trek de 4 jours vers le lac Inlé pour les plus marcheurs. Mais il y a aussi tout un tas de randonnées à effectuer dans les environs sur 1 ou plusieurs jours.

Dans la ville elle-même, on retrouve des signes de la grande tolérance religieuse du Myanmar car chaque religion a son lieu de prière : église, synagogue, mosquée, temple hindou, bouddhiste ou sikh ... Au centre, un marché est ouvert quotidiennement jusqu'à 17h et d'autres commerces s'adressent aux locaux, aux athées ou aux croyants dans le consumérisme.

Si c'est un bon lieu de séjour pour qui randonne, les curiosités sont peu nombreuses. Autrefois, Kalaw était une station de villégiature pour les anglais et leurs alliés indiens. Avec l'altitude, la température est en effet plus respirable ici qu'ailleurs. Il ne reste aujourd'hui que quelques maisons coloniales ayant un charme limité et pas spécialement remarquables si ce n'est parfois leurs quelques pans de colombage. Une exception peut-être pour qui souhaiterait fouiner par ici : l'arbre à moines ! Il est perché au sommet d'une colline qui surplombe la ville : plus les moines sont mûrs, plus leur tenue se rapproche du carmin. Quant à sa localisation précise, permettez-moi de la garder secrète...

En dehors de cela, je recommande la vue sur la cité en début de matinée quand la brume enveloppe encore le pied de toutes les collines alentours.

Notre première marche démarre dans une vallée Danu, non loin du village de Myinka. Les plantations sont nombreuses : thé, gingembre, curcuma, papayers, avocatiers ... Des rizières sont aménagées en très légères terrasses et quelques buffles y paissent paisiblement. Etant en altitude donc bénéficiant d'un climat plus frais, ils ont remplacé les zébus. 160 familles soit 900 habitants sont établis dans le village. Dans l'une des fermes, on rencontre Johnny, un buffle patibulaire dont la façon de mâcher rappelle sans équivoque celle de notre chanteur "national". Le surnom lui est dès lors tout trouvé même si ça n'a pas l'air de l'enchanter ...

Nous reprenons la marche sur une piste poussiéreuse, au milieu des champs colorés, à flanc de collines. Même si je n'y ai pas encore mis les pieds, ce cadre me fait penser à une carte postale de Madagascar. De nombreux villageois se rendent aux champs, le sourire aux lèvres, la bèche sur l'épaule, un panier ou un enfant au dos.

Quelques minutes plus tard, nous finissons dans les choux, un océan de choux ! Les paysans oeuvrent en plein soleil pour préparer les terres voisines car le chou vient en complément d'autres cultures sur ces mêmes parcelles mais à d'autres périodes de l'année.

Nous prenons de la hauteur à travers caféiers, théiers, mandariniers, citronniers, tomates, poiriers, durians ... et aboutissons en une petite heure au village Palaung de Pain Ne Pin, 200 familles pour 800 habitants. Celui-ci est au faite d'une colline et offre une vue dégagée sur les environs. Le principal savoir-faire local est la collecte et la transformation du thé noir. Après la récolte, il est notamment disposé dans des sacs imperméables et cuits 15 minutes dans un wok pour éviter qu'il ne fermente. Il est aussi roulé à la machine (autrefois à la main dans une natte de bambou) pour en extraire le tannin, trié et séché en plein soleil. Dans mon blog du Sri Lanka, je décris plus longuement et dans l'ordre les différentes étapes de la production du thé.

Les maisons sont en bambous tressés. Néanmoins, au fur et à mesure que les villageois gagnent de l'argent, ils décident de remplacer le bambou par des briques. Les deux matières s'empilent, la brique grignotant petit à petit le bambou jusqu'à atteindre le toit. Ou comment vivre la disparition de traditions et de savoir-faire ancestraux ... Les long-houses qui abritaient autrefois des communautés de 15 familles sous le même toit avec pour but de se protéger des animaux sauvages (ours, sangliers, tigres), appartiennent quant à elles déjà au passé !

Effectuant la pause déjeuner dans ce bourg, nous rejoignons chez l'habitant un groupe de 4 allemandes et leur guide. Ce dernier profite de l'occasion en accord avec la famille pour nous vêtir elles et moi de costumes traditionnels : au centre, les tenues des mariés (étant un peu grand, ayez l'amabilité de ne pas remarquer la longueur des jambes de mon pantalon...) et à l'extérieur, les habits des femmes célibataires qui portent un couvre-chef à pompons. Autrement dit : des "pompons" girls !

A l'occasion de cet essayage, j'apprends aussi que ces tenues sont celles de la famille qui se les est confectionnée elle-même. Le guide des allemandes nous fournit bien des explications notamment que le mariage intervient généralement entre 18 et 20 ans et que, dans les campagnes, plusieurs cérémonies peuvent avoir lieu en même temps afin de mutualiser une partie des coûts. Chez les Palaungs, il est obligatoire de se marier au sein de l'ethnie. Celui qui contrevient à cette règle est exclu du village. 

L'attraction que représente 4 européen(ne)s vêtu(e)s de costumes de mariage attire quelques curieux. Puis, vient le temps de la reconstitution du divorce et chaque groupe repart de son côté. De toute façon ce village ne possède pas l'électricité, l'eau est fournie par un puits financé justement par des allemands et la route n'arrive pas jusqu'ici.

La suite de la randonnée est une longue descente au milieu de quelques dragonniers. Il paraît qu'à la saison des pluies, il y a pas mal de serpents dans le coin notamment des vipères et des boas, ce qui cause plusieurs morts par an. Nous faisons halte dans une nouvelle famille où tout le monde oeuvre jusqu'aux plus jeunes qui aident au séchage du curcuma.

Dernière portion de chemin à l'issue de laquelle nous surgissons un par un devant un groupe de pèlerins en pause au bord de la route. Une arrivée digne de celle au sommet d'un col du Tour de France, "notre" public ayant même des bobs colorés vissés sur la tête. En rusant un peu, je parviens à éviter les paparazzis pour une fois.

De retour à Kalaw, je repars marcher dans les environs. Des pans entiers de collines sont en cours d'écobuage afin d'améliorer la fertilité du sol tout en préservant les pins.

 

Le lendemain, nous partons pour le village de Myinmathi en traversant quelques reliefs plantés de pins et en empruntant une piste rougeâtre à moitié pavée dans sa première partie.

A l'arrivée à destination, nous surprenons une fête de noviciat. Au cours de leur vie, les jeunes garçons sont amenés à entrer 2 fois au monastère : entre 10 et 20 ans pour le noviciat et après 20 ans en tant que moine à part entière. A chaque fois, l'expérience doit durer au minimum 1 semaine et est l'occasion d'une cérémonie. Tout le village est dehors et une longue procession le parcourt avec des musiciens, des porteuses d'offrandes, les familles, à nouveau des musiciens, les jeunes novices à cheval accompagnés de porteurs d'ombrelles et de jeunes filles leur jetant du riz ainsi que sur la croupe de leur monture, enfin, des voitures décorées de guirlandes portant les jeunes filles entrant également au monastère. Le statut de nonne est moins considéré que celui de moine d'où ce traitement différencié. Une partie de l'explication tient au fait que ce statut est assez récent et aussi parce que les nonnes ont moins d'impératifs religieux à suivre que les moines (elles peuvent par exemple mendier de la nourriture toute la journée). Je ne dis pas que c'est juste, ni ne cherche à justifier quoi que ce soit, j'apporte juste un embryon d'éclairage sur la différence de faste. Pour en revenir aux novices, ils sont grimés de façon féminine (rouge à lèvre, maquillage, bijoux...) et ne peuvent pas poser le pied au sol donc ils sont éventuellement portés par leur entourage.

Pour la cérémonie tout est loué la plupart du temps y compris les costumes. Dans des cas très rares, le cheval est remplacé par un éléphant si la famille est particulièrement aisée. Nous avons une grande chance d'assister à une pareille cérémonie dans ce village reculé : elle n'en est que plus authentique et il n'y a aucun autre touriste dans les environs.

Après le défilé, les gens se rendent chez leurs voisins qui les reçoivent royalement avec thé, biscuits, fruits et autres mets préparés spécialement pour l'occasion. C'est la tradition. Si jusqu'ici nous avons souvent décliné les invitations qui nous sont régulièrement faites, nous ne la contournons pas aujourd'hui au vu du contexte. Cela me gêne d'ailleurs car comment manger des victuailles de personnes qui ont peut-être des difficultés pour s'alimenter le reste de l'année alors que de mon côté j'en ai les moyens ? Du coup, comme certains de mes acolytes, je m'installe et ne fais que regarder le va-et-vient incessant, telles les vagues léchant une plage.

Non loin de là, nous rejoignons une célèbre grotte à l'entrée du bourg. Sur ses 300m de galerie souterraine, elle abrite quelques 400 Bouddhas. Le plafond est particulièrement bas pour nous européens au point de souvent avoir à progresser courber et de parfois se cogner. De jeunes birmanes qui m'arrivent à peine à l'épaule s'amusent de cela à gorges déployées. L'attraction aurait-elle changé ?

En véhicule, nous ne sommes plus qu'à 2 heures du lac Inlé, notre prochaine et dernière destination.

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